
Les députés sont en vacances parlementaires depuis hier, au terme de la session ordinaire unique. Dans une ambiance de fête, le président de l’Assemblée nationale a tenu à inviter ses homologues de la Gambie, de la Mauritanie et du Maroc. À cette occasion, El Malick Ndiaye a prononcé un discours mémorable. Il a tenu à rendre un vibrant hommage à tous ses prédécesseurs qui, témoigne-t-il, ont contribué activement à la vitalité de notre démocratie depuis l’accession du pays à l’indépendance. Il a également salué l’ensemble de ses collègues députés, les agents de l’administration parlementaire et les membres de son cabinet. À ces derniers, il n’a pas seulement adressé des remerciements : « Dans l’ombre, mais avec un professionnalisme remarquable, ils ont soutenu la dynamique de réformes que nous avons engagée avec détermination », a-t-il souligné.
Le président de l’Assemblée nationale s’est félicité d’avoir ressuscité une institution dont le règlement intérieur, le règlement administratif, le règlement financier et le statut du personnel étaient devenus obsolètes depuis des lustres. Cette session a été marquée par un engagement collectif remarquable face à des défis considérables. Rappelant le vote du budget dans des conditions très serrées, El Malick Ndiaye a souligné que le Parlement, sous son autorité, a très vite identifié l’obsolescence de ses textes internes.
Deux commissions restées inactives depuis plus de 30 ans désormais remises en service
Le règlement intérieur, le règlement administratif, le règlement financier et le statut du personnel étaient devenus de véritables entraves à l’efficacité. « Le règlement administratif et le statut du personnel maintenaient notre administration dans une insécurité juridique incompatible avec les standards d’une institution moderne. Le règlement financier, quant à lui, datait de 1963 : il n’était plus conforme aux exigences de bonne gouvernance. Sa réforme était donc indispensable », a indiqué le président de l’hémicycle. « Nous avons désormais une base solide pour une action institutionnelle efficiente et responsable », s’est-il félicité, rendant hommage à tous les députés, aux membres de son cabinet ainsi qu’à ses prédécesseurs.
Le successeur d’Amadou Mame Diop a pu compter sur l’engagement de tous les députés, dont les contributions ont facilité la réhabilitation des textes. « Nous avons désormais une base solide pour une action institutionnelle efficiente et responsable », a répété El Malick Ndiaye.
Un plan de transformation digitale et une culture de la redevabilité
Face au constat d’un gaspillage documentaire et d’une inefficacité dans l’exploitation des documents, El Malick Ndiaye a lancé un ambitieux plan de transformation digitale, articulé autour de quatre axes : la transparence et l’efficience, la maîtrise des dépenses publiques, la modernisation et la simplification des travaux parlementaires, ainsi que l’amélioration de la qualité du service rendu aux citoyens.
Dans cette même logique, chaque commission a été invitée à produire un plan de travail annuel, avec des objectifs clairs et mesurables. « Ce document, aujourd’hui disponible, constitue une innovation majeure dans notre histoire parlementaire. Désormais, la plénière, seule détentrice du pouvoir d’appréciation, évaluera périodiquement les performances des commissions. Cette culture de la redevabilité nous engage tous, à commencer par moi-même, président de l’Assemblée nationale », insiste-t-il.
Pour accompagner cette exigence, ajoute El Malick Ndiaye, des moyens adéquats doivent être garantis à chaque député, dans le respect de leur indépendance, à l’abri des pressions de lobbies ou de groupes d’intérêts. « À ce titre, un projet de tournée parlementaire intitulé « Le Parlement chez vous » est actuellement à l’étude au sein du Bureau et de la Conférence des présidents. »
Un Parlement plus proche des citoyens
« Ces avancées concrètes consacrent un Parlement plus exigeant, plus transparent et plus redevable », dira El Malick Ndiaye, pour s’en réjouir. Deux commissions restées inactives depuis plus de 30 ans ont été réactivées : la Commission de la comptabilité et du contrôle budgétaire, désormais saisie pour la première fois d’un rapport trimestriel conforme au règlement ; et la Commission des délégations, désormais en charge du suivi rigoureux de l’application des lois.
Le projet de tournée parlementaire prévoit des déplacements dans les 14 régions du pays, afin d’assurer une meilleure prise en compte des préoccupations des populations. « Cette initiative sera sanctionnée par un rapport consolidé remis à l’Exécutif lors de la prochaine session budgétaire », a-t-il annoncé, en précisant qu’il ne s’agit nullement d’une remise en question des députés, mais d’un engagement supplémentaire au service du peuple.
Quant à la nouvelle chaîne parlementaire, intégrée dans le nouveau règlement intérieur, le président de l’Assemblée nationale affirme qu’elle « ne sera pas un média de plus, mais un outil pédagogique, un levier de transparence et un pont entre le citoyen et l’Assemblée qui le représente. »
Une vision géopolitique et continentale affirmée
El Malick Ndiaye voit plus loin. Dans sa volonté de changement systémique, il réitère sa volonté de démocratiser le Parlement. « Notre institution ne peut se replier sur elle-même », résume-t-il. Plus explicite encore, il déclare : « Elle est ancrée dans une dynamique régionale, continentale et internationale. Car dans un monde marqué par l’instabilité géopolitique, les tensions sociales, les enjeux climatiques et les mutations économiques, nos Parlements ont une mission collective de défendre la démocratie, renforcer l’État de droit, bâtir une intégration africaine souveraine et une ouverture au reste du monde. »
Estimant que la résilience climatique, la sécurité régionale, la transition numérique et la souveraineté économique ne peuvent être abordées isolément, le président de l’Assemblée nationale plaide pour une Afrique plus forte, plus solidaire et plus respectée dans un monde en mutation. « C’est dans cet esprit que nous renforcerons nos liens avec les autres Assemblées nationales, ainsi qu’avec les institutions régionales telles que la CEDEAO, l’UEMOA, le Parlement panafricain, et les instances internationales comme l’Assemblée parlementaire de la francophonie, l’Union interparlementaire, l’Union des Parlements des États membres de l’OCI, entre autres », a-t-il conclu.