
Alioune Tine estime que les partisans du Premier ministre Ousmane Sonko, qui exigent l’arrestation et l’incarcération de chroniqueurs critiques du régime, « ne rendent pas service au Premier ministre, ni au Sénégal, dont le modèle démocratique continue de susciter l’admiration sur le continent et au-delà ».
Pour le fondateur d’Afrikajom Center, la démocratie sénégalaise repose justement sur le pluralisme des idées, les confrontations verbales et les débats contradictoires.
« Le multipartisme et la démocratie sont consubstantiels aux joutes verbales, aux polémiques et aux guerres d’arguments. Ce sont des adversaires politiques qui se battent non à la Kalach, mais par le verbe. C’est cela qui donne tout son sens à la métaphore de l’arène politique », écrit-il.
Dans ce contexte, il considère que « ni le procureur, ni la Cybercriminalité n’est habilité à faire la police des idées en démocratie ». Les plateaux télé, notamment des émissions comme Jakarlo, sont selon lui les lieux légitimes du débat, aussi houleux soit-il.
« Quand ça chauffe et que ça dérape, la solution ce n’est pas la prison, ni les intimidations ou la répression », prévient-il, en évoquant notamment l’affrontement télévisé entre le député Amadou Ba et le chroniqueur Badara Gadiaga, qui aurait déclenché cette nouvelle vague de tensions.
Alioune Tine avertit aussi sur les conséquences politiques d’un éventuel emprisonnement de Gadiaga, qu’il qualifie de « mise à l’épreuve qualifiante » pouvant transformer le chroniqueur en héros national. « La résistance est valorisée dans notre société. La preuve, c’est Ousmane Sonko lui-même. Sa résistance farouche à la liquidation politique a fait de lui le héros politique adulé par une jeunesse en quête de justice et de rupture », rappelle-t-il.
Reconnaissant les tensions qui traversent la société sénégalaise, Alioune Tine appelle à l’apaisement. Il parle d’un pays « fragile », confronté à de profondes mutations mondiales, et estime urgent « de mettre la balle à terre », dans un climat de polarisation extrême où les adversaires politiques se livrent à une opposition féroce.
En conclusion, il en appelle directement à Ousmane Sonko :
« Je pense que le Premier ministre devrait lui-même appeler tous les Sénégalais à la sérénité. Il n’est pas le PM du parti qu’il dirige, mais celui de tous les citoyens sénégalais. À chacun de le respecter et de respecter l’institution magistrale qu’il incarne. »