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Sénégal : RSF pour une presse libre et indépendante (Rapport)


Rédigé le Lundi 10 Juin 2024 à 22:22 | Lu 12 fois | 0 commentaire(s)





 « Le journalisme sénégalais à la croisée des chemins », c’est l’intitulé du nouveau rapport de Reporters sans frontières (RSF) publié le 6 juin 2024 à Dakar. Un tableau peu reluisant des médias et du métier de journaliste. RSF appelle à un nouveau départ sur la base des promesses du nouveau régime.

« Il est grand temps que le Sénégal reparte de l’avant en matière de liberté de presse », estime Sadibou Marong, le directeur du bureau Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières (RSF). A cet effet, l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye offre « une opportunité » pour mener des réformes de fond visant la sécurité des journalistes et l’émergence d’entreprises de presse viables, ajoute Marong. C’était au lancement du rapport intitulé « Le journalisme sénégalais à la croisée des chemins », le 6 juin 2024 à Dakar.

En proposant 30 recommandations, RSF estime que le Sénégal peut servir de « locomotive » dans une région ouest-africaine qui a tendance à se transformer en « zone de non droit » en matière d’information. L’une d’elles, la suppression des peines d’emprisonnement pour des infractions de presse, est une nécessité, souligne Sadibou Marong qui appelle le président sénégalais à tenir sa promesse de campagne électorale.

Le débat sur les peines privatives de liberté a été d’ailleurs relancé par les interpellations des directeurs de publication des journaux Le Quotidien et Tribune fin mai 2024. Mohamed Guèye et Pape Moussa Touré ont dû répondre de leurs articles sur l’affaire Souleymane Kandé, ex-chef d’état-major de l’armée de terre sénégalaise qui, selon certains médias locaux, s’oppose à une affectation comme attaché militaire à l’ambassade du Sénégal en Inde. Ils ont été tous deux libérés sans charge après avoir été auditionnés par la Section de Recherches de la gendarmerie de Colobane à Dakar.

Dans ce dossier, il n’a pas été question de lanceurs d’alerte, sujet agité par le nouveau président aux premières heures de son arrivée au pouvoir. Mais Reporters sans frontières a aussi souligné l’urgence pour les autorités de faire adopter la loi sur la protection des lanceurs d’alerte. Ceux-ci doivent être reconnus « comme sources journalistiques bénéficiaires du régime de protection de la confidentialité ».

Cet engagement avait été pris par le chef de l’Etat sénégalais lors de son premier discours à la nation du 3 avril 2024 dans le but d’encourager des dénonciations d’actes et de faits préjudiciables à l’intérêt du pays dans tous les domaines.

Harcèlement fiscal

Le renouveau de l’écosystème médiatique sénégalais passera également par « une meilleure transparence des médias et de leur financement », indique RSF. L’ONG recommande ainsi que toutes les entreprises situées sur le créneau de l’information générale soient identifiées par la loi, de même que leurs bénéficiaires, actionnaires et leurs liens éventuels avec d’autres groupes. « Les règles doivent être plus précises » quant à leur fonctionnement.

Le rapport de RSF est publié à un moment où l’Etat et quelques entreprises de presse sont à couteaux tirés sur la question de la fiscalité. Les premières mises en demeure faites par les services de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid) ont été suivies par le blocage des comptes bancaires de certaines entreprises de presse. C’est le cas du groupe Avenir Communication qui édite le journal Le Quotidien, auquel l’administration des impôts réclame 91 millions de FCFA.

De même, les services fiscaux exigent au Groupe Dmedia « le paiement de plus de deux milliards sur la base d’une taxation d’office ». Une décision que le média conteste par voie judiciaire, selon un communiqué de sa direction des ressources humaines en date le mardi 28 mai.

Dans un contexte où le secteur de la presse fait face à une crise qui menace sa survie, Sadibou Marong pense que l’action de l’Etat doit aller au-delà des questions fiscales. Il s’agit de promouvoir des politiques favorables à la « soutenabilité économique des médias » et qui leur permettent d’assurer leur « indépendance éditoriale » face aux pressions de toutes sortes.

Pour un paysage médiatique plus diversifié, RSF souhaite que les radios communautaires, « maillons essentiels de la chaîne de l’information » de proximité au Sénégal, soient financièrement mieux soutenues pour leur apport à la cohésion sociale à travers les langues locales. Un premier pas serait ainsi que les dispositions du Code de la presse leur interdisant la publicité commerciale soient amendées.

Dans les recommandations transmises au ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, RSF se dit prête à accompagner l’Etat dans la promotion d’un journalisme « fiable, indépendant et surtout crédible » face à la désinformation ambiante.

Le processus de certification multipartite JTI (Journalism Trust Initiative) mis en place par l’ONG en partenariat avec l’Association sénégalaise de normalisation (ASN) a pour finalité de fournir un label qui valorise « un journalisme digne de confiance ». Deux médias sénégalais, PressAfrik et Financial Afrik, ont déjà été certifiés.

Sur un air de regret, Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF, rappelle que le Sénégal était jusqu’en 2020 « un pays proche d’être exemplaire au plan international mais qui, en trois ans, a rétrogradé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de presse ».

Le rapport lancé par Reporters sans frontières est un recueil de faits sur « les heures sombres du journalisme sénégalais » entre 2021 et 2024, ajoute Anne Bocandé.

Lire aussi : Afrique de l’Ouest : la liberté de la presse se dégrade (RSF)

Selon Sadibou Marong, la figure balafrée de l’écosystème médiatique « doit se cicatriser ». Toutefois, avertit Mamadou Thior, président du Cored (Conseil pour l’observance des règles d’éthique et de déontologie dans les médias), l’Etat doit prendre ses responsabilités face au déferlement d’une « presse clandestine ».

Entre 2021 et 2024, Reporters sans frontières a documenté des violences policières contre plus de 30 journalistes dans les manifestations socio-politiques survenues au Sénégal, une quinzaine d’arrestations et d’interpellations de journalistes, plusieurs séquences de suspensions d’internet et des réseaux sociaux, des suspensions de médias (Walf Tv), du cyberharcèlement contre des professionnels des médias, des ingérences politiques et de la désinformation…

RSF suggère ainsi aux autorités « un Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO) » garantissant la protection des journalistes qui couvrent des manifestations ainsi que la diligence des enquêtes et des poursuites judiciaires contre les auteurs de violences contre les professionnels des médias afin de mettre fin à l’impunité.

IB-MD/ts
(Ouestafnews)



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